Maîtrise d’ouvrage : MIT
Architecte mandataire : Pierre-Edouard Verret
De belles choses sont nées du XXème siècle : il y a encore 120ans aurait-on pu croire que l’homme puisse voler, parler instantanément à une autre personne de l’autre côté de la terre, voir la terre depuis la lune ? il n’y a ici que des prouesses techniques.
Qui aurait encore pu croire que français, allemands et anglais construiraient l’Europe ou que la déclaration des droits de l’homme deviendrait un texte universel ?
D’autres époques, humainement moins glorieuses, ont laissé de ces traces plus manifestes, permettant aujourd’hui une lecture de leur histoire.
Notre temps de richesses colossales mais vacillantes, nous montre qu’il n’a pas su construire d’édifices, même s’ils abritent des objets de mémoire, qui puissent demeurer, sans renforts de subventions et de ravalements, plus d’une centaine d’année.
A l’instar de Tony Garnier qui, au seuil de la révolution industrielle, proposa lors de son séjour à Rome le modèle de sa cité industrielle, n’est-il pas pertinent (urgent et humainement juste ?), au seuil d’une nouvelle époque, d’essayer de définir l’empreinte durable et lisible que nous serions en mesure de laisser ?
Depuis plusieurs années, j’élabore, au gré du temps que me laisse mon activité libérale, un projet d’architecture qui saurait concrétiser cette trace de notre époque. Dans ses prémisses, cette recherche s’est dirigée vers le projet d’un lieu partagé par les trois religions (juive, musulmane et chrétienne) à Jerusalem, très empreint d’une nostalgie de l’harmonie de l’Al Andalus.
Si ce thème s’est avéré être trop exclusif pour être l’expression de notre temps, il révèle deux choses : cette trace ne peut avoir du sens que si elle est planétairement partagée et, en substance, la paix apparaît comme la plus juste aspiration de l’homme mondialisé.
La concrétisation de la paix comme empreinte de notre époque permet de prendre de la distance par rapport à l’héritage formel et aux programmes définis par des surfaces et des fonctions, pour aller de manière plus essentielle vers la justesse de la présence humaine sur terre, vers la recherche d’un espace dans lequel :
– chaque homme ressente dans le silence, la sérénité et la lumière, une paix intime.
– chaque homme ressente dans la commune présence des autres hommes ayant la même intime expérience, une paix humaine.
– chaque homme ressente dans son harmonieuse présence au sein de la matière et des éléments, une paix naturelle.
– chaque homme ressente sa présence dans un lieu entre l’histoire et l’avenir, au même titre que les pyramides et le panthéon, où l’homme a construit avec l’aide d’autres hommes, un édifice à sa propre démesure : l’humanité.
Afin de donner une échelle à cet espace démesuré dans lequel l’homme et l’humanité se rencontrent, il paraît judicieux d’exprimer l’idée dans le système constructif que l’unité fait exister l’ensemble, que l’ensemble donne du sens à l’unité. La brique, possède cette qualité. Ainsi le projet, pour atteindre son image d’humanité, sera de brique et chacune représentera un homme présent sur terre, soit environ 7 milliards de briques.
Dans l’objectif de réalisation du projet :
– chaque homme a sa brique. Il doit avoir les moyens de la fabriquer ou de se la faire fabriquer.
– Chaque homme a une brique et une seule identique à celle de tous les autres et située sur l’édifice.
– Chaque homme a la possibilité d’aider d’autres hommes à avoir leur brique.
– Chaque homme a la possibilité de participer à la construction, de venir poser sa brique et d’être mandaté pour poser les briques de tout un groupe.
– Si les sociétés et les organisations peuvent participer à la construction, seules les hommes peuvent laisser leurs traces.